jeudi 6 juin 2013

Préparer votre saison d’alpinisme et escalade en montagne

Bientôt la saison d’été. Que vous rêviez de faire l’ascension d’un beau sommet en altitude ou d’une grande voie d’escalade alpine, un minimum d’entrainement s’impose pour profiter pleinement de ces journées.

À l’heure ou des gendarmes vont être placés sur les flancs du Mont-Blanc, voilà quelques rappels pour une pratique de l’activité en toute connaissance de cause. En espérant que la responsabilité et la conscience individuelle remplacent la réglementation et les interdictions.

Quelquefois considérée comme un produit de consommation à faire entrer dans son curriculum, une ascension en haute montagne mérite pourtant un certain respect.
Respect de la montagne, des êtres humains et des règles élémentaires de sécurité...

La réalisation d’une belle course en montagne doit être une récompense, non pas une quête d’exploit arrogante ! Il est primordial de prendre le temps d’apprendre et de progresser.
Ces préparatifs porteront sur votre condition physique, vos capacités techniques, mais aussi la préparation de la course et du matériel.

Mixte au Triangle du Tacul
 

Préparation physique et technique :
C’est la base de l’entrainement. Elle consiste en une préparation du système cardio-vasculaire, des muscles et ligaments en pratiquant des activités de type endurance (marche, vélo, footing, etc.), mais aussi bien sûr l’escalade. Cet entrainement devra être progressif et régulier.
Vous devrez également acquérir les techniques nécessaires pour ne pas gaspiller d’énergie en effort trop intense ou inadéquat. Cela est valable pour l’usage des crampons/piolets, mais aussi bien sûr lors de passages en escalade rocheuse.
Enfin, même si votre forme et votre habileté sont parfaites, vous devrez quand même prendre le temps de vous acclimater à l’altitude pour pouvoir les mettre à profit.
Seule cette pratique régulière vous permettra de connaître et respecter les capacités de votre organisme, doser votre effort, savoir vous hydrater et vous alimenter en temps voulu. Vous serez aussi capable d’identifier les symptômes du mal aigu des montagnes et les différencier d’un coup de pompe passager. Savoir adapter votre tenue à la température et se préserver de l’humidité en évitant la transpiration sera également utile.
Le repos fait aussi partie de la réussite ! N’en faites pas trop et laissez votre corps récupérer afin qu’il puisse tirer profit des sollicitations qu’il a subit.


Sur l'arête de l'Inominata au Mont-Blanc



Préparation de la course et du matériel :
S’informer du bulletin météo et savoir l’adapter à la réalité du terrain (les prévisions ne sont pas à prendre comme une vérité).
Récolter des informations générales et pratiques : topos, cartographies, refuges, réglementation bivouac...
Récolter des informations spécifiques sur la praticabilité et les conditions de l’itinéraire, grâce aux retours de course faits par les alpinistes précédents (gardien de refuge, bureau des guides, site web, etc.)
En fonction de ces infos et de vos capacités, vous devrez calculer votre horaire et savoir vous y tenir.
Il est également important de connaître son matériel et savoir l’utiliser. Être suréquipé peut être rassurant, mais ne sert à rien. Le poids est ennemi et mieux vaut peu d’équipement employé à bon escient qu’une surenchère de technologie mal maitrisée. Penser à tester vos nouvelles chaussures ou chaussons d’escalade sur de petites sorties plutôt que dans une grande bambée.

Granit à la Chandelle du Tacul


Pendant la course :
Préserver la cordée : savoir s’économiser, observer les signes de fatigue et ajuster son rythme.
Adapter les techniques d’assurage à la configuration du terrain.
Anticiper les dangers objectifs : avalanches, chutes de pierres, glace, crevasses... par une lecture minutieuse du terrain.
Surveiller le temps : respecter les horaires et rester attentif à l’évolution de la météo.
Même si votre motivation est grande, ne pas minimiser ou ignorer une dégradation météorologique, une baisse de votre condition physique, ou un retard sur le timing prévu.
Si les risques et conditions de l’ascension dépassent vos capacités et compétences, savoir renoncer à temps devient vital. Ne pas attendre d’être en grande difficulté pour le faire. C’est un geste d’humilité face aux montagnes. Elles resteront en place, et il suffira de revenir avec de meilleures conditions, une meilleure forme ou technique. L’orgueil n’est pas de mise lorsque des vies humaines peuvent être en jeu.
Rentrer chez soi en bonne santé, c’est être certain d’avoir fait le bon choix.

Je vous souhaite une bonne saison et plein de belles ascensions.
 



Petite pause face à la Meije avant d'entamer les rappels du Pic Maitre



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